Publié à 14h54         
                        Lucie AUBOURG Agence France-Presse                     

Le premier vol de la fusée SLS, la plus puissante du monde, est prévu mercredi à 1h04. heure locale, avec une fenêtre de lancement possible de deux heures. La météo s’annonce coopérative, avec 90% de chances de beau temps. “Notre heure approche, et j’espère que ce sera mercredi”, a déclaré le directeur de la mission, Mike Sarafin. Il a salué la “persévérance” de ses équipes, qui ont dû se remettre de deux tentatives de décollage ratées cet été, à la suite de deux ouragans. Cinquante ans après la dernière mission Apollo, ce vol d’essai sans pilote, qui fera le tour de la Lune sans y atterrir, devrait confirmer que le véhicule est sans danger pour un futur équipage. Cette même fusée transportera la première femme et la première personne de couleur sur la Lune dans le futur. Malgré le lancement en soirée mercredi, environ 100 000 personnes sont attendues pour admirer le spectacle, notamment depuis les plages environnantes. De nombreux astronautes font également le voyage, dont le Français Thomas Pesquet. Des opérations de ravitaillement complexes commencent mardi après-midi au Centre spatial Kennedy sous la direction de Charlie Blackwell-Thompson, la première femme directrice de lancement de la NASA. L’étage principal orange de la fusée sera rempli d’au moins 2,7 millions de litres d’oxygène liquide et d’hydrogène. Cet été, une fuite d’hydrogène a provoqué l’annulation au dernier moment de la deuxième tentative de décollage. Les procédures ont depuis été modifiées et vérifiées avec succès lors d’un essai. La première annulation était due à un capteur défectueux. Les responsables de la NASA ont répété à plusieurs reprises que ces problèmes sont normaux pour un tout nouveau véhicule, que ses équipes apprennent à comprendre et à utiliser.

25 jours d’expédition

Après ces problèmes techniques, deux typhons ont successivement menacé la fusée. Ce géant de 98 mètres de haut a d’abord dû être ramené fin septembre dans son bâtiment d’assemblage pour le protéger de l’ouragan Ian, retardant son décollage de plusieurs semaines. Puis, une fois sur la rampe de lancement, il a dû affronter les vents de l’ouragan Nicole il y a moins d’une semaine. La tempête a endommagé une fine couche de mastic sur le dessus de la fusée, mais la NASA a déclaré lundi que le danger encouru était minime. Dans l’ensemble, le programme a plusieurs années de retard et le succès de cette mission de plusieurs milliards de dollars est devenu impératif pour la NASA. Immédiatement après le décollage, les équipages prendront le relais du centre de contrôle de Houston, au Texas.
Au bout de deux minutes, les deux boosters blancs retomberont dans l’Atlantique. Au bout de huit minutes, la scène principale se décollera à son tour. Puis, environ 1h30 après le décollage, une dernière poussée depuis l’étage supérieur mettra la capsule Orion en route vers la Lune, qu’elle atteindra dans quelques jours. Là, il sera placé sur une orbite lointaine pendant environ une semaine et parcourra jusqu’à 64 000 km derrière la Lune – un record pour une capsule habitable. Enfin, Orion entamera son retour sur Terre, testant son bouclier thermique, le plus grand jamais construit. Il doit supporter une température deux fois moins élevée que celle de la surface du Soleil lors de son passage dans l’atmosphère. Si le décollage a lieu mercredi, la mission devrait durer 25 jours et demi, pour atterrir dans l’océan Pacifique le 11 décembre.

Nouvelle ère

Après la fusée Saturn V des missions Apollo et après les navettes spatiales, SLS devrait faire entrer la NASA dans une nouvelle ère d’exploration humaine, cette fois dans l’espace lointain. En 2024, Artemis 2 transportera des astronautes sur la Lune, sans y atterrir. Un honneur était réservé à l’équipage d’Artemis 3, 2025 au plus tôt. Par la suite, la NASA prévoit une mission par an, précisément pour construire une station spatiale en orbite autour de la Lune, appelée Gateway, et une base à son pôle sud. L’objectif est d’y tester les nouveaux équipements : combinaisons spatiales, véhicule pressurisé, mini-centrale électrique, utilisation de l’eau gelée présente sur le chantier… Tout cela pour y établir une présence humaine permanente. Cette expérience devrait préparer un vol habité vers Mars, peut-être à la fin des années 2030. L’aller-retour prendra au moins deux ans.